Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1096

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que vous en permettant la practique, je voulois de mesme tout ce qui s’en pouvoit ensuivre. Je loue ce mariage, non seulement pour la qualité de Diane, car il faut que vous sçachiez qu’elle et Astrée sont des meilleures et plus anciennes maisons, non seulement de cette contrée, mais de toutes les Gaules, et qu’Amasis mesme ne refuseroit pas d’avouer de leur appartenir, quand elle seroit informée de la race dont elles viennent ; mais encores la vertu et la modestie de cette bergere est telle que j’estimeray heureux qui l’espousera, je ne parle pas de sa beauté, parce que c’est une moindre des conditions qu’il faille rechercher en une femme pour l’espouser. Et toutesfois, quand elle s’y rencontre, elle n’est pas à refuser, comme en celle-cy qui se peut dire l’une des plus agreables bergeres de Lignon, et quand je dis de Lignon, j’entends de toute l’Europe. C’est pourquoy non seulement je vous en donne tout le congé que vous sçauriez desirer, mais je vous conseille de ne perdre une minute de temps. Et parce que je vay passer à Bon-lieu, où peut-estre Galathée m’arrestera tout le jour, je suis d’advis que sans perdre temps vous alliez chez moy donner ordre à vostre voyage, et soudain que j’y arriveray, j’escriray un mot à Bellinde que vous porterez, afin qu’elle recognoisse qui vous estes, et qu’elle vous traitte comme je desire.

A ce mot, Paris luy baisa la main