Aller au contenu

Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1100

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’elle estoit partie, il n’y avoit pas long-temps, supplia Daphnide, et Alcidon, de trouver bon de continuer le voyage et qu’il envoyeroit Lerindas vers la Nymphe pour l’en advertir, qu’il l’asseuroit qu’elle leur feroit l’honneur de les attendre, et les prendre dans son chariot. Ces estrangers qui ne vouloient luy déplaire en chose quelconque, se mirent incontinent en chemin, et Lerindas, par le commandement du druide, se mit à courre pour l’atteindre.

Cependant la Nymphe et Damon faisoient leur voyage, parlant de diverses choses, lors que le chemin le leur permettoit, car le chevalier fust par fortune ou à dessein, n’avoit voulu entrer au chariot, mais estoit armé, et alloit à la portiere sur un tres-bon cheval que la Nymphe luy avoit envoyé, luy semblant qu’estant seul aupres de ces belles dames, il falloit qu’il fust en estat de les pouvoir deffendre ; et cela avoit esté cause que ce jour il portoit son habillement de teste et son escu, qu’il souloit les autresfois laisser à son escuyer.

Marchant donc de cette sorte, lors qu’ils eurent passé le pont de la Bouteresse, et qu’ils entrerent dans un bois qui est le long du grand chemin et tout auprés de la maison du sage Adamas, Halladin qui estoit assez loing derriere le chariot de Galathée, vit sortir à l’impourveue trois chevaliers hors du bois entre luy et Damon, qui tout à coup baissans leurs lances, s’en allerent à course de cheval contre son maistre. Le fidelle escuyer,