Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1117

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de croire tout ce qu’elle a voulu de bon-heur de Tersandre ; mais je jure par la memoire de mon pere, et par tout le contentement que je puis encore souhaitter, n’avoir jamais esté trompée d’elle que pour le desir qui me pressoit d’estre plus aymée de vous, et que toutes les faveurs de Tersandre n’estoient faites que pour rappeller Damon, et le retirer d’une autre affection imaginée, ny que le dessein qui m’esloigna de mes parens et de ma patrie, n’a esté que pour chercher Damon sous le nom et les armes du chevalier du Tygre. - O dieux ! s’escria Damon, y a-t’il quelque chevalier au monde plus heureux que celuy-cy, puis que je reçois ces asseurances de la bouche de Madonte ?

Elle vouloit repliquer, lors qu’Adamas, craignant que le sejour en ce lieu ne fust guiere asseuré, ou que les blessures de Damon n’empirassent, dit à Galathée qu’il luy sembloit bien à propos de faire emporter ce chevalier en quelque lieu où il peust estre mieux pensé, et que voyant la grande foiblesse qu’il avoit, il luy sembloit fort à propos de le faire reposer pour quelques jours en sa maison, parce qu’elle estoit si proche de là qu’il ne falloit que monter la petite coline, sur laquelle elle estoit assise. La necessité fit consentir la Nymphe à cet advis, et ayant envoyé prés de là dans quelques hameaux, l’on fit venir quelques hommes avec des branquarts qui emporterent Damon dans la maison d’Adamas, et le corps de Tersandre