Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1130

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leurs discours : Si j’eusse eu le bien, dit-il, en sousriant, d’estre cogneu de vous, vous eussiez aisément entendu l’obscurité de cet Oracle, parce que je m’appelle Adamas, et ce mot signifie, en la langue des Romains, un diamant, de sorte qu’il vouloit vous faire sçavoir qu’aussi-tost que je serois auprés de vous, cet accident vous arriveroit ; et il est advenu tout ainsi, car à l’heure mesmes qu’Alcidon, Daphnide et moy sommes venus sur le lieu où nous vous avons trouvé, vous avez recogneu Madonte. - J’advoue, dit Damon, qu’il n’y a plus rien à desirer pour l’éclaircissement de cet Oracle, que j’ay retrouvé si certain pour mon bon-heur, et dont je remercie la bonté de celuy qui l’a ainsi ordonné, lors que je l’esperois le moins ! Mais, mon pere, continua-t’il, et tournant les yeux par toute la chambre, vous me nommez deux personnes : que si ce sont celles que j’ay veues porter ailleurs ces noms, je m’estimerois infiniment heureux de les avoir rencontrées en ce lieu.

Alors Alcidon s’avançant et l’embrassant : Ouy, Damon, ce sont ces mesmes Daphnide et Alcidon que vous dites, et qui sont conduits en ceste contrée, qui se peut dire celle des merveilles, par le mesme amour qui vous y a fait venir. Et à mesme temps, Daphnide le venant saluer, luy dit : J’attendois à vous rendre ce devoir que Madonte vous eust raconté ce qu’avec raison vous desirez si fort de sçavoir de sa