Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1132

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ces dernieres m’ont faict retrouver la seule personne, qui me pouvoit rendre heureux, qui est, dit-il, monstrant Madonte, cette belle bergere que vous voyez, de sorte que au lieu de me plaindre de cette contrée, je ne cesseray jamais de l’estimer, louer et benir.

A ce mot, Amasis ayant desja esté informée de la qualité de Madonte, l’alla embrasser, et caresser comme elle meritoit ; et parce qu’elle ne faisoit pas semblant de Daphnide et d’Alcidon : Madame, luy dit Damon, je voy bien que ces deux personnes ne sont pas cogneues de vous, mais faictes en cas, et croyez que leurs merites sont tels, que les recognoissant, vous ne leur plaindrez point les caresses que vous leur avez faictes. Car, encore que vous les voyez ainsi desguisées, sçachez, madame, que ce sont Daphnide et Alcidon, je dis cette Daphnide dont les merites luy ont fait posseder toute l’affection du grand Euric, et voicy Alcidon tant aimé par sa valeur de Torrismond le roy des Vissigots, et de tous ceux qui luy ont succédé.

Amasis alors, le remerciant de l’advis qu’il luy donnoit, les alla embrasser, et leur fit toute la bonne chere qui luy fut possible. Et se retirant : Il suffisoit, dit-elle, que vous m’eussiez dict leur nom, car les oyant, j’eusse incontinent recogneu les deux personnes les plus estimées du grand Euric. Mais j’advoue que voyant ces belles dames, et