Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1143

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alliances ces deux peuples non seulement amis, mais alliez, desseignant par ce moyen de se rendre aussi bien roy des Gaulois par amour, qu’il l’estoit par les armes.

Parmy celles qui estoient nourries de ceste sorte durant le bas aage de Childeric, Silviane tenoit l’un des premiers rangs, tant pour ses merites que pour les predecesseurs desquels elle tiroit son origine. Ceste jeune fille avoit toutes les conditions qui ont la force de faire aymer, pouvant dire que la fortune et la nature l’avoient également favoriser ; mais outre la beauté du corps qui estoit estimée tres-grande, encor avoit-elle un esprit si beau que tous ceux qui estoient attirez par ses yeux, estoient arrestez par sa courtoisie et douce conversation. Ceste jeune fille n’ayant encore que dix ou onze ans fut veue parmy les autres du gentil Andrimarte, et qui n’en ayant pas plus de treize ou quatorze, estoit tousjours auprés de Childeric presque de mesme aage. Si Silvanire [Silviane], dés ce temps, estoit estimée belle et accomplie parmy les filles de Methine, Andrimarte emportoit la louange entre tous ces jeunes enfans d’honneur de Childeric pour estre le plus adroit, fust à dancer, fust à sauter, ou à quelque autre exercice du corps qu’il se mist à faire. Mais plus encore pour avoir un esprit doux et gentil, et s’addonnant de sorte à tout