voyant ce qu’elle avoit commencé de marquer, passa de l’autre costé du petit arbre, et escrivit comme si c’eust esté une mesme ligne, avec un fermoir de lettre ce mot, J’ayme, de sorte que quand ceste belle fille eut escrit le nom de Silviane, il s’y rencontra en joignant les deux mots, J’ayme Silviane. Mais elle, ne prenant pas garde à ce qu’elle avoit escrit, mais seulement à ce que Andrimarte avoit marqué : Vous aimez, luy dit-elle, Andrimarte, et qui est celle qui vous en a donné la volonté ? - Vous le trouverez, luy dit-il, madame, s’il vous plaist de continuer de lire le reste de la ligne. - Quant à moy, respondit-elle, je ne vois point que vous y ayez escrit autre chose. - Lisez seulement, madame, dit-il, tout ce qui est escrit, sans rechercher qui en a esté l’escrivain, et vous contentez que celle qui a mis le nom que j’adore sur ceste escorce, me l’a bien plus vivement gravé dedans le cœur. - Et qui est-elle ? reprit Silviane, et où est ce nom duquel vous parlez ? - Tous deux, repliqua Andrimarte, sont bien préz d’icy. - Je ne sçay, dit-elle, vous entendre, car en fin je ne vois que ce mot seul que vous avés escrit. - Et comment y a-t’il ? repliqua Andrimarte. - Si je sçay bien lire, dit-elle, il y a J’ayme. - Et icy ? continua Andrimarte, luy monstrant du doigt ce qu’elle avoit escrit. - Il y a, respondit-elle, Silviane. - Or, adjoustez
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