Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1154

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amour faicte comme je vous disois, et telle qu’une sœur a pour son frere ou une fille pour son pere. Et cela fut cause qu’avec cette innocence que son aage tenoit encore en son ame, elle luy respondit : Soyez certain, Andrimarte, que veritablement je vous ayme, et que si vous me dites quelle asseurance vous voulez que mes paroles vous en donnent, je le feray tres-volontiers, vous protestant que je n’ay point de frere que j’ayme plus que vous.

Andrimarte qui avoit plus d’aage et plus d’amour aussi qu’elle, cogneut bien que ce n’estoient que des propos d’enfant, et toutesfois luy semblant d’avoir desja gaigné un grand point sur elle, il se contenta pour ce coup, esperant que le temps et la continuation de sa recherche la pourroit faire sortir de cette amour innocente pour la porter à l’entiere et parfaicte affection qu’il en desiroit ; et pour ce, luy prenant la main, il la luy baisa, et avec un visage riant : Je demeure, dit-il, le plus heureux et constant chevalier de ma race, puis que j’ay eu cette declaration de vous comme la chose du monde que j’ay la plus desirée. D’une seule chose je vous veux supplier, qui est de ne tromper jamais l’asseurance que vous m’en faictes, et que je puisse, pour marque de ce que vous dites, porter le nom de vostre frere, et vous appeller ma sœur, afin que ces noms nous obligent d’avantage à nous rendre l’un a