Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1171

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

point de mal.

Toutes choses donc favorisans au dessein d’Andrimarte, il fut armé chevalier par les mains de Childeric, qui avoit esté fait chevalier quelque temps auparavant par le roy Merovée. Et lors qu’il fallut luy ceindre l’espée, et que l’on mit à son choix d’eslire telle dame qu’il voudroit, le jeune Andrimarte mettant un genouil en terre, supplia la belle Silviane de luy vouloir faire ceste faveur, afin qu’il se peust dire le chevalier du monde qui eust receu cet honneur de la plus belle main et de la plus belle dame qui vive. Childeric fut surpris, luy voyant faire ceste requeste à Silviane, et peu s’en falut qu’il ne fist quelque demonstration violente du desplaisir qu’il en recevoit, mais la presence du roy son pere le retint en son devoir, non toutesfois sans rougir, et sans donner cognoissance à plusieurs que cet acte luy desplaisoit grandement, et plus encores lors qu’il vit que cette belle fille, avec une facon joyeuse, la luy avoit ceinte apres en avoir demandé et obtenu le congé de la royne Methine, monstrant et à ses yeux et à ses actions le contentement qu’elle avoit de la requeste qu’Andrimarte luy avoit faite. Mais celuy que le jeune chevalier fit paroistre fut extreme, lors que, la remerciant de ceste faveur, il luy protesta d’employer ceste espée et sa vie à son service. Et elle qui ne se soucioit guere de cacher la