Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1176

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inciter le courage genereux des jeunes chevaliers à faire des actions plus hardies, de donner semblables recompenses à ceux qui par leur vaillance se signaloient dans les armées, ils se contraignirent l’un et l’autre, et avec regrets et larmes se separerent, sous l’esperance de parvenir plustost à ce qu’ils desiroient par cet esloignement, que par leur presence.

De raconter icy les adieux qu’ils se dirent, et les demonstrations de bonne volonté qu’ils se firent en cette cruelle separation, outre que je le crois inutile, encore ay-je opinion, qu’il seroit impossible. Il suffira de penser qu’ils n’en oublierent une seule de toutes celles que la pudicité de Silviane peut permettre à Andrimarte, et que l’honnesteté d’un si parfaict amour luy donna la hardiesse de rechercher, mais je pense estre aussi peu à propos de rapporter maintenant tout ce qu’il fit en suitte de ce dessein, lors qu’il fut dans l’armée, car il faudroit beaucoup plus de temps qu’il ne nous reste de jour, pour raconter les choses seulement plus signalées.

Tant y a qu’en la conqueste que Merovée fit de la seconde Belgique, il donna de telles preuves et de son courage, et de sa force, que Merovée l’esleut pour conduire le secours qu’il envoyoit contre les enfans du roy Clodion ausquels il avoit esté preferé en la couronne