Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1180

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faire meriter une si grande recompense.

Methine qui sçavoit les merites d’Andrimate, et les grands et signalez services qu’il avoit rendus au roy son mary, fut tres-aise que l’occasion se fust presentée de faire pour luy quelque chose qu’il desirast ; et pour tesmoigner à ceux qui luy en porterent la parolle combien ce mariage luy estoit agreable : Dites, leur respondit-elle, à Andrimarte, que non seulement je consens à ce qu’il desire ; mais d’autant que Silviane est petite fille de Semnon, nostre cher amy, seigneur de la Gaule Armorique, et qu’il ne seroit pas raisonnable d’en disposer sans sçavoir sa volonté, je luy promets que je luy feray trouver bon, et au roy aussi, si pour le moins ils veulent me complaire en quelque chose. Et pour tesmoignage de ce que je dis, je luy permets de vivre avec elle, non seulement comme son serviteur, mais comme son futur mary.

Ceste response tant advantageuse, et aussi favorable qu’Andrimarte eust peu esperer, fut receue avec tant de contentement par ce jeune chevalier, qu’il luy fut impossible de la tenir secrete, de sorte que la nouvelle s’en espandit par toute la Cour, et bien tost dans toute l’armée, parce que Merovée en ayant esté adverty par Methine, il l’eut si agreable, qu’il la dit en disnant tout haut, monstrant qu’il estoit