Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1182

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de bien considerer celles qui semblent estre de beaucoup moindre importance, vous pourriez peut-estre passer legerement par dessus, sous l’esperance juste de recompenser les services de ce chevalier, que j’advoue, seigneur, estre dignes de recognoissance, pour donner courage aux autres, d’en faire autant que luy, quand vous leur ferez l’honneur de les employer, mais que je nie bien meriter de vous faire commettre une si grande et prejudiciable offence contre Semnon vostre cher amy et allié, et contre vous-mesme, car il est certain que les recompenses ne doivent jamais estre faites au desavantage de nos amis, et de ceux qui s’asseurent en nous des choses qu’ils tiennent les plus cheres. Semnon, comme vous sçavez, seigneur, est duc de la Gaule Armorique, c’est luy qui à vostre arrivée en ces contrées, vous a receu en son amitié, vous a assisté de ses forces et de ses conseils, et il se peut dire que luy, et Gyweldin gouverneur des Eduois, ont esté les deux plus fermes pierres, sur lesquelles vous avez asseuré les fondemens de vostre domination. Est-il maintenant raisonnable que, s’il vous a confié cette fille qui doit estre le support, et le soulagement de sa vieillesse, vous en deviez disposer sans son contentement ? ou seulement est-il bien à propos que vous luy proposiez un