Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1203

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en furent faictes au contentement general de tous, et avec tant de satisfaction de Silviane et d’Andrimarte, que jamais on ne vit deux amans plus contens, ny deux visages où le plaisir, et la joye se remarquassent plus visiblement. Un seul Childeric souspiroit en son cœur de ce que tout le peuple se resjouyssoit ; mais comme si le Ciel eust attendu seulement que ce mariage fust accomply pour mesler toute la Gaule de trouble et de tristesse, dans sept ou huict jours Merovée tomba malade, et bien tost apres mourut, plein de gloire et d’honneur, et tellement regretté de son peuple et des Gaulois, que jamais les Francs n’ont faict paroistre un si grand desplaisir pour roy, qu’ils ayent perdu.

Childeric, comme je vous disois, madame, fut eslevé sur le pavois, et proclamé roy des Francs incontinent apres, avec des esperances bien trompeuses, qu’il seroit imitateur des vertus de son pere. Silviane, alors qu’elle se ressouvint des paroles desavantageuses qu’il luy avoit tenues, conseilla son cher mary d’esloigner promptement ce jeune roy, et de se retirer en la Gaule Armorique, tant pour éviter la mauvaise volonté de Childeric, que pour satisfaire à ce qu’il avoit promis à Semnon. Mais Andrimarte qui ignoroit les derniers propos que Childeric avoit tenus à Silviane, et qui pensoit estre obligé