Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1211

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plus outre, et non point toutesfois sans essayer d’y pourvoir au mieux que nous pourrons, et voicy ce que je pense que nous devons faire.

Il faut premierement que j’aille et revienne avec toute la plus grande diligence qu’il me sera possible, et que cependant vous vous mettiez dans la maison d’Andrenic nostre ancien et fidele serviteur, sans toutesfois que personne le sçache, feignant que vous estes toujours en celle-cy. Que si Childeric a quelque mauvais dessein, sans doute il viendra ou envoyera icy, et par là sa mauvaise volonté nous sera cogneue ; que si de fortune cela n’est pas, je seray bien-aise que nous n’en ayons point faict d’esclat, et asseurez-vous que la diligence que je feray en mon voyage, luy donnera fort peu de loisir d’executer ses desseins. Que si je pensois qu’en son ame il l’eust ainsi resolu, jamais il ne verroit la fin du jour de demain, car je luy ravirois l’ame du corps, au milieu mesme de toutes ses gardes, et de tous ses solduriers, mais en estant en doute, je ne veux pas qu’on die qu’Andrimarte ait commis une telle felonnie, sous un foible soupçon de jalousie.

Telle fut la resolution d’Andrimarte, qui partant de bon matin, fit entendre à son fidelle Andrenic tout ce qu’il avoit resolu avec Silviane, luy commandant de tenir l’affaire si secrette que personne n’en sçeut rien. Cet Andrenic estoit un