Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1213

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grande chose que des cognoissances aveugles que nous avons quelque-fois des accidents qui nous doivent arriver.

Silviane avoit à la verité occasion de craindre la fascheuse insolence de Childeric, mais il n’y avoit rien qui luy en deust donner une si grande apprehension, puis que depuis la mort de Merovée il avoit fait paroistre d’avoir d’autres intentions, et par ses violences s’estoit adressé à plusieurs autres, ce qui pouvoit bien donner l’opinion que ses pensées fussent portées ailleurs. Et toutesfois il y avoit quelque bon demon qui continuellement luy disoit dans le cœur, qu’elle ne verroit point son cher mary, que quelque malheur ne luy fust arrivé, et cela fut cause qu’elle se representoit tous ceux qu’elle pouvoit craindre, et à mesme temps recherchoit quels remedes elle y pourroit apporter, prevoyant par ainsi son mal, et y remediant avant qu’il fust advenu ; et parce qu’elle se fioit grandement en la femme d’Andrenic, comme celle qui n’avoit rien plus en son cœur, que le bien d’Andrimarte, aussi-tost qu’une pensée luy venoit, elle la luy declaroit, et soudain elles recherchoient ensemble par quel moyen elles pourroient y pourvoir, et l’ayant trouvé, y donnoient l’ordre qui leur sem-bloit estre necessaire.

Silviane luy proposa donc à quoy elles se resoudroient si Childeric ne la trouvant point dans son