Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1229

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du lict où il estoit couché, parce qu’il ne pouvoit plus se tenir debout, et luy prenant une main : Seigneur, luy dit-il, ne voulez-vous pas faire paroistre que vostre courage peut vaincre encore un plus grand mal-heur ? - Mon cher amy, luy respondit-il, jamais Clidaman ne manqua de courage, mais je ne puis resister à la force de la mort. Alors Guyemants, les larmes aux yeux : J’espere que Tautates ne nous affligera point de tant que nous ravir un prince si necessaire pour le bien des hommes, et qu’il nous fera la grace de vous posseder plus longuement. - Guyemants, respondit-il, nous sommes tous en sa main, il peut disposer de nous, et pourveu qu’il me face le bien de laisser cette vie avec la bonne reputation que mes ancestres m’ont acquise, je demeure content et satisfaict du temps que j’ay vescu.

Et lors appelant Lindamor qui estoit blessé, mais non pas mortellement comme luy, et qui fondoit tout en pleurs pour voir son seigneur en ceste extremité : Vous estes, leur dit-il, les deux personnes en qui j’ay plus de confiance. Je vous conjure, vous Guyemants, d’asseurer Childeric, que je meurs son serviteur, et que j’emporte un extreme regret de ne luy avoir peu rendre plus de tesmoignage de mon affetion. Que si toutesfois les services que je luy ay