Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/123

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trop austeres,
De mes autels et de nous,
Et de mes sacrez mysteres,
Non, vous ne meritez pas
D’avoir part à nostre gloire
Contentez-vous du trespas
Dont nous aurons la victoire.

Si vous voulez donc, continua Hylas, que je revienne vers vous, ne me parlez plus de ces anciennes amitiez, car je tiens pour ma devise

Une heure aymer, c’est longuement, C’est assez d’aymer un moment.

Et ne pensez que l’estime que vous dites faire de moy me puisse attirer, car on ne se soucie guere d’estre estimé des personnes de qui on a quitté l’amitié et qui nous sont indifferentes.

Silvandre, prenant la parole pour Philis : La reputation, dit-il, que chacun desire si fort, qu’est-ce autre chose que ceste estime que tu mesprises tant ? Et si elle est mesme estimable parmy les ennemis, pourquoy ne le sera-t’elle, Hylas, parmy les personnes que tu as tant aymées ? – Je voy bien, respondit froidement Hylas, que Silvandre n’a-pas la place qu’il desire non plus que moy, et que pour décharger sa colere sur quelqu’un, il me vient faire des contes,