Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1234

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grand prince affligé et cependant je prends les dieux penates pour tesmoins que tant que vous serez absent, je ne penseray, ny ne travailleray à chose quelconque qu’à vous remettre bien avec vos peuples, et j’espere d’en venir à bout, si vous suivez les advis que je vous donneray.

A peine avoit-il finy de parler ainsi, lors qu’on ouyt une trompette, qui s’estant un peu approché du pont-levis, apres avoir sonnré par trois fois, dit à haute voix ces paroles :

Les druides, princes et chevaliers des Francs, et Gaulois assemblez et unis, declarent Gillon roy des Francs, et Childeric tyran, et incapable de porter la couronne de ses ayeux.


A mesme temps Guyemants, qui estoit accouru, et Childeric mesme virent porter le long de la rue Gillon sur le pavois selon la coustume des Francs, avec des exclamations si grandes, qu’il cogneust bien que Guyemants avoit raison ; et craignant que les siens mesmes ne les trahissent, il se retira avec le fidelle Guyemants, où apres fort peu de discours il se separa d’avec luy, emportant la moitié d’une piece d’or, pour signe que quand Guyemants luy envoyeroit