Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/125

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de vaincre. – De ceste sorte, respondit-il, je vous advoueray une partie de ce que vous dictes. – Et moy, interrompit Hylas ; je diray avec plus de verité, que vous ne sçauriez, ny l’un, ny l’autre, me blesser, ny de vos armes, ny de quelque autre que vous puissiez emprunter ; car entre vos mains, pour bonnes qu’elles soient, elles demeureront sans force contre moy.

– Et entre les miennes, dit Florice, qu’en diriez-vous ? – Que je ne me souviens plus, respondit-il, si vous en avez jamais eu. – Vous ne direz pas ainsi de moy, adjousta Circene. – J’advoueray, dit-il, que quand je ne vous vy qu’un peu, je vous aimay beaucoup, et quand je vous vy beaucoup, je ne vous aimay que fort peu. – Sa veue, dit Palinice, a faict en cela comme le scorpion qui guerit la blesseure qu’il a faicte ; mais je m’asseure que vous ne direz pas cela de moy. – De vous, dit-il, comme s’il eust esté estonné ? eh ! par Hercule, dictes-moy comment vous appellez-vous à fin que je sçache, si vostre nom ne me blessera point mieux que vostre visage ? – Je voy bien, reprit Stiliane, qu’il n’y a que moy qui l’ayt peu vaincre. – Le peu, respondit Hylas, que je demeuray dans vostre prison, monstra assez quelle fut vostre victoire. – A la verité, continua-t’elle, vous en sortistes, mais ce ne fust pas sans payer vostre rançon. – Si je vous ay payée, repliqua-t’il, je ne vous doy plus rien, et si vous pensiez de me pouvoir surmonter aussi aisément que vous fistes, vous