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Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/144

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l’Europe, mais et l’Asie et l’Affrique, et non seulement de son temps, mais de tous les siecles passez, et desquels la memoire n’estoit point entierement perdue, surpassoit de telle sorte la richesse du bastiment, que si le premier attiroit les yeux par sa beauté, l’autre retenoit les esprits en admiration de tant de raretez qui surpassoient mesme la pensée.

La voûte qui sembloit estre soustenue sur une grande frise, estoit toute peinte des plus anciennes histoires des Gaulois, depuis le Grand Dis Samothes, jusques à ce Francus, qui pour estre absent et empesché à d’autres conquestes, laissa l’administration des estats aux druides et aux chevaliers Gaulois. Là n’estoit oublié le grand Dryus, qui par l’institution des druides avoit laissé la religion et les loix de ses peres à ses futurs nepveux ; ny aussi le pourtrait du Grand Hercule Gaulois quand il espousa la princesse Galathée, et qu’avec son eloquence et ses armes il attira les Gaulois à la civilité et à la generosité par son exemple. Là se voyoit Sigovesus et Bellonesus, dont l’un, passant les Alpes, vainquit et nomma la Gaule Cisalpine, et l’autre passant la forest Hircinie, fonda le royaume des Boyens. Bref, on voyoit les Gaulois sous Brennus triompher dans Rome de ces grands citoyens, et pesant l’or de leur rançon adjouster encor sur le poids l’espée victorieuse de leur