l’oreille l’hoste qu’elle avoit chez elle et qu’elles sçavoient y estre aussi bien qu’elle-mesme. Je dis : elles, parce qu’avec la belle Daphnide, il y avoit deux de ses sœurs, fort belles, mais non toutesfois approchantes à la beauté de ceste belle dame. Quant à moy, j’estois retiré dans une salle basse, d’où je faisois semblant de n’oser sortir pour n’estre apperceu, mais il fut tres à propos, pour ne descouvrir ma passion, que je fusse seul à leur arrivée, parce que j’estois de sorte transporte, qu’il eust esté bien mal-aisé qu’on ne s’en fust apperceu, pour peu qu’on eust voulu remarquer mes actions, et mesme quand elles commencerent de sortir du chariot : car la premiere qui mit pied à terre me sembla si belle, et il y avoit si long-temps que je n’avois veu Daphnide, que j’advoue que je disois en moy-mesme : C’est celle-cy. Puis voyant la seconde plus blanche encore et plus belle, je me reprenois, et me sembloit que c’estoit celle-là. Mais je ne demeuray pas long-temps en ceste erreur. Car, incontinent apres, ceste belle dame se fit voir, qui me ravit de telle sorte que je ne sçay ce que j’eusse fait, si j’eusse esté en lieu où il m’eust fallu contraindre. Mais les ceremonies qu’elles firent ensemble à leur rencontre et les baisers qu’elles se donnerent furent cause que j’eus le loisir de me remettre un peu. Si bien que, quand elles entrerent dans le logis, je m’estois
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