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Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/206

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moindre mal qu’ils en disoient, c’estoit de l’appeller barbare et cruel, la ruine des Gaules et de toute l’Europe ; et, apres, ils entroient sur les souhaits. L’un le desiroit estre son prisonnier, l’autre de le voir mort, l’autre d’avoir rompu toute son armée, et les plus avantageux souhaits pour luy estoient qu’il n’eust jamais esté. J’escoutois tous ces discours, et jugez quel traictement j’en devois esperer si j’eusse esté trouvé.

Je crois qu’ils n’eussent pas de long temps cessé de parler de ce grand roy, selon leur passion, n’eust esté qu’on ouyt quelque instrument, qui fit cognoistre que Delie et ses compagnes estoient prestes à danser. Chacun se mit-en la place plus commode pour bien voir, et peu apres ces belles dames entrerent, mais si bien vestues, et d’une cadance si nouvelle, et le tout avec une si gentille invention, qu’il faut avouer qu’il n’y avoit rien de plus beau. Je ne sçaurois redire maintenant ce que c’estoit ; aussi ne sert-il de rien pour ce qui nous touche. Seulement je diray qu’entre les autres representations, il y avoit des filles vestues, les unes en déesses, et les autres en nymphes, qui representoient toutes les choses qui se forment en l’air. Je me ressouviens des vers de celle qui representoit le foudre ; ils estoient tels :


Stances

I

Mortels, je ne suis pas ce foudre espouventable,