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Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/262

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heure presque que celuy que je luy envoyois arriva vers elle, Alizan me vint trouver, qui m’apporta les siennes ; elles estoient telles :

Lettre de Daphnide à Alcidon

Ce porteur, qui vous est allé chercher bien loin, vous trouvera plus pres, à mon grand regret. Que je sçache l’estat de votre santé, et si la mienne vous est chere.

Quand je receus ce message, et qu’apres je sceus de bouche que le suject pourquoy elle ne m’escrivoit que si peu de mots n’estoit seulement que pour la croyance qu’elle avoit qu’estant si malade, comme on luy avoit dit, je n’en pusse pas lire davantage, vous sçaurois-je representer, sage Adamas ; quel fut mon contentement ? J’estois, à la verité, fort mal ; les medecins, qui ne sçavent que les remedes du corps, avoient travaillé en vain pour ma guerison, puis’qu elle ne despendoit que de l’ame. Il est vray que, dés l’heure que le fidele Alizan fut arrivé, je repris un peu de force, et pour ne manquer au commandement que je recevois de Daphnide, je le renvoyay le lendemain au matin avec une telle response :