Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/276

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le vis, il ne me demeura point de sang au visage. Peut-estre s’en fust-on pris garde, si ce n’eust esté que le lieu où j’estois n’avoit guere de clarté, et la pasleur est un effect de la maladie. II s’assit au chevet de mon lict, et, apres m’avoir demandé des nouvelles de mon mal, et que je luy eus respondu comme la civilité et l’honneur que je recevois me le commandoient, il approcha sa chaire, et, tournant le dos à toute la trouppe, commença de parler plus bas. Et voyant que je ne disois presque pas une parole, il pensa me resveiller en me parlant de Daphnide, n’estant encore adverty que je sceusse ce qui se passoit entre eux. Il me demanda donc comme se portoit ceste belle dame, et s’il y avoit long-temps que je n’avois eu de ses nouvelles. Je luy respondis froidement que je croyois qu’elle fust en bonne santé, que je n’avois point eu de ses nouvelles depuis le jour qu’elle luy avoit escrit par un tel, et lors je luy dis le nom de celuy qui m’avoit donné cette derniere lettre. Le roy rougit, et au commencement, voulut nier d’en avoir receu ; mais je luy dis qu’il me pardonnast et qu’il s’en ressouvinst bien, parce qu’elle me le mandoit ainsi. – Comment ? me dit-il alors, elle le vous a donc mandé ? – Ouy, luy respondis-je, seigneur, et de plus, le contentement et l’honneur qu’elle a receu de vous voir à votre retour chez elle.

II demeura, à ce mot, un