Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/309

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comble de cette obligation, qu’une chose, de laquelle je vous veux conjurer, qui est de me faire sçavoir aussi bien par mes propres yeux ce que vous me dites, que je viens de l’apprendre de vous par les oreilles. - J’y feray, respondit Alcyre, pour vostre contentement, tout ce que je pourray ; mais je crains fort que ce ne sera que rengreger vostre desplaisir. - Mon des- plaisir, respondit Amintor, ne s’en augmentera point, et quand il adviendroit autrement, il ne seroit que bien à propos, afin que j’aye tant plus de courage de faire la resolution que je dois.

Alcyre fit semblant de demeurer un peu empesché sur cette demande, encore qu’il l’eust desjà preveue et qu’il s’y fust preparé dés le commencement.

Et enfin il luy respondit : Je ne sçay, Amintor, comme je pourray satisfaire à vostre curiosité. Car, encore que je le desire bien fort pour votre contentement, je vois une grande difficulté de vous pouvoir mettre dans sa chambre, parce que ce n’est pas tous les soirs que j’y vay, mais seulement lors que la commodité le luy permet, laquelle elle ne me fait sçavoir que lors que chacun est desjà presque couché, heure tant incommode que je ne crois pas que vous y puissiez entrer sans estre vu. - Non, non, dit Amintor, ce n’est pas ce que je demande ; je suis bien en la mesme consideration ; il me suffira d’estre aupres de vous quand vous y entrerez. - S’il ne tient qu’à cela, dit-il incontinent, vous serez bien tost satisfait, et peut-estre dés ce soir mesme, si