Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/311

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petite galerie fort obscure, qui conduisoit en son cabinet par une porte desrobée ; et c’estoit où Clarinte couchoit ordinairement. Et quand on vouloit passer plus outre, sans entrer dans son cabinet, il ne falloit qu’ouvrir une porte tout aupres, par laquelle on entroit dans une tres-grande sale qui conduisoit hors du palais par une porte fort peu frequentée.

Alcyre, ayant de long-temps fort bien remarqué tout ce que je viens de dire, conduisit Amintor dans cette petite galerie, où, estant sans point de lumiere, lorsque desjà chacun estoit retiré, il luy dit : Vous verrez, Amintor, qu’aussi tost que je heurteray à la porte du cabinet, on me viendra ouvrir. Mais, je vous supplie, suivant ce que vous m’avez promis, de vous en retourner sans faire bruit aussi-tost que vous m’aurez vu entrer dedans.

Et puis, le laissant à quatre ou cinq pas de la porte, il fit semblant d’aller gratter contre celle du cabinet de Clarinte, et il alla à l’autre par laquelle on entroit dans la grande sale, et qui, pour estre toute proche, ne pouvoit estre discernée par Amintor. Et apres y avoir demeuré quelque temps, il revint vers luy, et luy dit doucement à l’oreille : Nous avons un peu trop tardé ; elles estoient desjà à moitié endormies, mais j’ay ouy qu’elles se levent. Je vous supplie encor un coup, quand je seray entré, de vous en aller le plus doucement que vous