Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/328

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qualité du roy, il n’y avoit artifice meilleur que de s’acquerir les bonnes graces de ceux qui en sont aymez et favorisez, comme elle voyoit estre ce chevalier, afin que, par leurs louanges, ils portent l’esprit de leur maistre à les aimer d’avantage. Outre que elle en avoit, celuy sembloit, un exemple en moy, qu’elle sçavoit bien avoir esté aimée d’Alcidon et qu’elle pensoit estre parvenue aux bonnes graces du roy par son moyen. En ceste consideration doncques, elle commença d’escouter ce chevalier et de luy faire quelque espece de petites faveurs.

De quoy je recevois un tres-grand contentement, pensant bien que, quand le roy s’en prendroit garde, il estoit impossible, selon son humeur, qu’il ne s’en offençast grandement. Et tout expres, lorsque je pouvois parler à Alcidon en particulier, je le solicitois tousjours de s’advancer d’avantage en ses bonnes graces et de rechercher mesme la vue d’Euric, pourveu que ce fust avec discretion. Ce qu’il fit de telle sorte que, non pas seulement le roy et Amintor, mais presque toute la Cour s’en prit garde, d’autant qu’au commencement ny Clarinte ny Alcidon n’avoient pas grande opinion de s’aimer à bon escient, mais seulement pour les desseins qu’ils avoient tous deux, lesquels ne pouvoient estre accomplis, s’ils eussent tenu leur amitié secrette, parce que tout l’effect qu’ils en esperoient devoit proceder de la cognoissance