Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/330

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eu des defaillances qui avoient failly de l’emporter, et qu’on ne sçavoit encore ce qui en arriveroit. II avoit tenu bon jusque-là. ; mais, oyant parler de mort, il fallut se rendre, et, sans attendre davantage, se faisant par force habiller, il se fit traisner, tout malade qu’il estoit, au mieux qu’il peut, au logis de Clarinte, qu’il trouva dans le lict, mais non pas toutesfois en l’extremité qu’on luy avoit dite, parce qu’encore que la nuict elle eust eu ce fascheux accident, le jour estant venu luy r’apporta de la force et de l’allegement. Elle qui eust attendu toute autre visite plustost que la sienne, et qui, grandement offencée contre luy, n’en pouvoit souffrir la presence qu’avec peine, pensant qu’il la vinst voir pour continuer ses tromperies, resolut de se faire effort, et, en cachant son mal, essayer de luy desplaire en tout ce qu’elle pourrait. En ce dessein, apres quelques propos communs, elle luy demanda des nouvelles de la Cour : Car, dit-elle estant dans ce lict où vous me voyez, je n’en sçay que ce que, par pitié, on m’en vient dire, et, en eschange, si vous prenez cette peine, je vous apprendray des miennes. - Madame, dit froidement Amintor, il y a si long temps que je ne fais la cour qu’à mon lict, que ce n’est pas à moy à qui il se faut adresser pour en apprendre. Mais, n’estant venu icy que pour sçavoir des vostres, vous m’obligerez grandement de m’en dire, me resjouissant cependant