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Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/349

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Alcidon estoit veritablement aimé de moy, qui toutesfois, pour le commencement, ne ressentis pas la perte que je faisois, pour l’extréme contentement que je recevois de me voir delivrée de l’inquietude en laquelle Clarinte m’avoit retenue depuis quelque temps. Mais je ne jouis pas longuement de ce repos, et sembloit que le Ciel se plaisoit à me voir sur de semblables espines. Car à peine commençois-je de me resjouir de cette si heureuse victoire, que je me vis contrainte de reprendre les armes pour ne me voir opprimée par une nouvelle ennemie.

Euric, qui pensoit avoir esté grandement offencé de Clarinte, et qui n’osoit point faire de demonstration du ressentiment qu’il en avoit, pour de grandes et tres-prudentes considerations, se resolut de la faire repentir de sa faute et la chastier par l’envie qu’une autre luy donneroit des faveurs qu’elle recevroit de luy, et qui eussent esté toutes à Clarinte seule, si Clarinte se fust contentée de sa seule amitié. Et, en cette resolution, au lieu qu’auparavant il aimoit en trois divers lieux, il se resolut de mettre toute son affection, ou pour le moins toutes ses faveurs, pour quelque temps en un seul subject.

Je vous ay dit que, quand je priay Alcidon de rechercher Clarinte, il y avoit une autre dame, nommée Adelonde, à qui le roy faisoit aussi paroistre de la bonne volonté. A ce coup, pour se