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Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/362

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ceux qui vous les demandent, et qui en ont besoin comme nous.

Ainsi finit la belle Daphnide, laissant Adamas extremement satisfait, et de sa prudence, et de son bel esprit.

Et, parce qu’il vid qu’elle attendoit sa response, apres s’estre r’assis dans sa chaire, et avoir quelque temps pensé à ce qu’il avoit à luy dire, il luy parla de cette sorte : Qui est celuy, madame, qui n’a ouy parler du grand Euric, et qui, parmy les merveilles de sa vie, n’a admiré la puissance que la beauté de Daphnide a eue sur son ame ? Je croy que le Gange et le Tyle en ont ouy si souvent discourir, que vos noms y sont aussi cogneus que parmy les Gaules. Mais j’avoue que la presence, qui a accoustumé de diminuer l’opinion que la renommée nous donne des choses absentes, me fait voir que celle de la beauté et du merite de la belle Daphnide est beaucoup moindre que la verité. Je loue Dieu que ma maison ait esté honorée de vous recevoir, mais plus encores que je sois si heureux que de vous pouvoir rendre quelque service. Car, et c’est sans flatterie que je le dis, je n’eus jamais plus d’affection au service d’Amasis et de Galathée que j’en ay pour vous et pour Alcidon, et j’estimeray le jour heureux, qui me fera naistre le moyen de vous faire voir par effect la verité de ce que je dis.

Et quant à ce que vous me demandez, que je vous conseille sur la response de l’oracle, je ne vous puis dire à ceste