IV
Je vis clorre ses yeux, mais je vis à mesme heure
Clorre de mon bonheur le desir et l’espoir.
Que puis-je desirer, ne le pouvant plus voir ?
Et quoy plus esperer, si ce n’est que je meure ?
V
Ma levre r’assembloit les reliques aimées,
O cruel souvenir ! de l’esprit ondoyant,
Quand la mort les ravit, de vaincre ne croyant,
Si ses mains de deux morts ne restoient diffamées.
VI
Sa perte de la mienne à l’instant fut suivie ;
Le fer qui le frappa m’atteignit dans le cœur.
Ceste cruelle ainsi, d’un coup plein de rigueur,
Me fit mourir en luy, car il estoit ma vie.
VII
Aussi, puisque mon cœur a receu tel outrage,
Que ces myrtes d’amour soyent changez en cypres,
En cendres ses ardeurs, ses plaisirs en regrets ;
Qui le peut convier de vivre davantage ?
VIII
Toute flame soit donc à jamais estouffée,
Et tous les fers rompus, desquels Amour se sert ;
Et, dessus ce tombeau, soit à jamais offert
Mon cœur privé d’amour en signe de trophée.
Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/377
Apparence
Cette page n’a pas encore été corrigée