Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/381

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mots interrompus.

Enfin, le druide : Il me semble, madame, dit-il, que voicy l’oracle esclaircy, et qu’il est temps desormais de terminer ce different. - Pleust à Dieu, dit-elle, que je peusse faire en sorte qu’Alcidon et moy eussions le repos d’esprit que nous nous ostons l’un à l’autre ! - Vous plaist-il, madame, respondit Adamas, que j’en sois juge ? - Pourveu, dit-elle, qu’Alcidon y consente et qu’il ne contrevienne jamais à ce que vous en ordonnerez, ce ne sera pas moy qui appelleray de l’ordonnance que vous en ferez. - Je proteste, dit Alcidon, qu’il n’y a rien qui me puisse empescher de vous aimer ; mais je jure que j’observeray en sorte le jugement du sage Adamas, que, s’il m’est contraire, vous n’aurez jamais importunité de moy. Et si je manque à ce serment, je veux que les sacrifices, le feu et l’eau me soient interdits à jamais. Alors Adamas, apres avoir quelque temps pensé en luy-mesme, enfin, avec la majesté de sa venerable vieillesse :

Dites-moy, dit-il, madame, avez-vous bien aimé Alcidon ? - Plus que ma vie, respondit-elle. - Et maintenant, reprit-il, luy voulez-vous mal ? - Je veux mal, dit-elle, non pas à luy, mais à sa legereté. - Et s’il n’estoit point volage, repliqua-t’il, et qu’il n’eust jamais aimé que vous, l’aimeriez-vous encore, et ne seriez-vous pas bien marrie de l’avoir blasmé à tort ? - Sans doute, dit-elle. - Or, de cette legereté,