Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/399

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

remets à Hylas, puis que si vostre dessein estoit de dire quelque chose selon vostre humeur, je m’asseure qu’il vous satisfera, s’il chante selon son cœur.

Hylas, feignant de s’offencer : Vous estes bien gracieux, luy dit-il, Corilas, de vouloir payer vos debtes avec l’argent d’autruy. Pour le moins nous avons, Stelle et moy, cet advantage, qu’estans tous d’une mesme opinion, nous avons rencontré quelqu’un qui appreuve nostre humeur, mais la vostre est si mauvaise que vous estes le seul de vostre secte. Et lors, prenant la harpe, sans attendre la responce de Corilas, il chanta tels vers :


Stances

De l’inconstance.


I
Avant qu’une amitié desplaise à sa compagne,
II faut cercher ailleurs de nouvelles amours :
Que s’il ne vous advient de mieux trouver tousjours,
Celuy n’est pas marchand qui ne perd et ne gagne.

II
Et si ce que l’on cherche à l’abord ne se monstre,
II ne faut pour cela s’en aller despitant ;
Le fondeur ne rompt pas le moulle au mesme instant
Que son essay premier a mauvaise rencontre.

III
Mais quand nous