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Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/403

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du tout extreme,
Et voilà cet amour ne dure longuement.
Mais la raison le veut, tout excez vehement
Ne peut durer long-temps, sans se changer soy-mesme.

SILVANDRE

Quand j’ayme, en mon amour je suis du tout extreme,
Et voilà cet amour dure eternellement ;
Car la perfecfion ne craint le changement ;
Plus l’amant est parfaict, plus ardamment il aime.

III
HYLAS

Fy de ces amitiez si longuement gardées.
Est-il rien de plus doux qu’une jeune beauté ?
Mais qu’a l’amant vieilly dedans sa loyauté,
Que des rances amours, que des beautez ridées ?

SILVANDRE

Fy de ces amitiez mortes plustost que nées.
Est-il rien de plus doux qu’une constante amour ?
Si l’amour est un bien, qui n’en jouyt qu’un jour,
Le doit bien regretter par des siecles d’années.

IV
HYLAS

Mais voyez ces amans que l’on nomme fideles,
Ne sont-ce point plustost des esprits hebetez ?
Esprits sans point d’esprits qui ne sont arrestez
Que pour n’oser voler, ou pour n’avoir des aisles.

SILVANDRE