Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/407

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parce qu’elles ne s’attachent à nulle amitié qui les y puisse obliger, aymant et estimant tout ce qui le merite, non point avec amour et passion, mais par le devoir et par la raison. – Je le crois, adjousta froidement Paris, tout ainsi que vous, et voudrois bien pour l’interest que j’y puis avoir, que quelqu’une pour le moins entr’elles fust d’une autre humeur. – Il faut, gentil Paris, reprit Diane, que vous pardonniez à leur esprit grossier, car estans nourries dans ces lieux champestres, et à moitié sauvages, pouvez-vous penser qu’elles soient beaucoup differentes aux choses qu’elles voyent, et qu’elles pratiquent ? Voyez-vous combien la nourriture a de force par dessus la raison ? Je m’asseure que de toute ceste trouppe il s’en trouvera fort peu qui ne choisissent plustost pour leur contentement de vivre avec leurs trouppeaux le long des rivages et sous le chaume de leurs petites cabanes que dans ces grands palais et parmy la civilité des villes. – Et vous, belle bergere, dit Paris, de quelle opinion estes-vous, et que vous semble-t’il de ceste maison et comment vous est-elle agreable ? – Je serois, respondit Diane, de mauvais jugement si je ne la trouvois tres-belle. – Elle le seroit encores davantage, adjousta Paris, si ce qui y est maintenant, y demeuroit tousjours. – Vous avez raison, repliqua Diane, car veritablement