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Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/459

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forme elle est raisonnable, par participation intellectuelle. Or ceste participation, elle la prend de ceste pure intelligence de la planète qui domine alors qu’elle est creée, et cette perfection qu’elle reçoit luy est tellement agréable, qu’elle brusle toute d’amour de l’intelligence qui la luy participe. Et tout ainsi que l’amant se forme une idée en sa fantaisie de la chose aimée, le plus parfaictement qu’il luy est possible, afin d’y replier les yeux de son ame, et se plaire en cette contemplation, lors qu’il est privé de la veue du visage bien-aimé ; de mesme, cette ame, amoureuse de la supreme beauté de cette intelligence, et de cette planete, lors qu’elle entre dans ce corps à qui elle donne la forme, elle imprime non seulement ses sens et le corps etheré dans lequel les plus sçavans disent qu’elle est enveloppée, pour apres se joindre comme par un milieu à celuy que nous voyons, mais aussi sa fantaisie de ce caractere de la beauté de laquelle elle a esté ardemment esprise dans le Ciel. Et d’autant plus qu’elle en peut rendre la figure et la ressemblance parfaicte, d’autant plus aussi se plaist-elle à la considerer et à la revoir, et se plaisant en cette contemplation, elle se forme une certaine naturelle disposition d’estimer bon et beau tout ce qui luy ressemble, et à reprouver generalement tout ce qui luy est dissemblable, accoustumant