Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/486

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pas assez affaire à supporter mon fardeau, si ces amants sans party ne me venoient encores surcharger de leurs importunitez. Je vous asseure que Calidon a fort bien sceu choisir son temps, c’est bien à cette heure que les discours d’amour me plaisent, je le conseille de continuer, s’il ne veut que perdre sa peine, il pense peut-estre parler à Celidée, ou que je ne sois icy que pour payer le temps qu’il a perdu en la servant. Et sur ce propos, raconta à la druide tous les discours qu’il luy avoit tenus et la response qu’elle luy avoit faite avec une si grande passion qu’Alexis cogneut bien que mal-aisement recevroit-elle jamais du mal de ce rival.

Cependant Silvandre estoit aupres de Diane, elle assise, et luy à genoux, mais si plein de contentement de se voir pres d’elle sans y estre empesché de Paris ny de Phillis, qu’il ne pouvoit assez remercier amour d’une si grande faveur : Ma belle maistresse, luy dict-il, par où commenceray-je à vous remercier de la grace que vous me faites de vous arrester icy, où la compagnie que vous y avez ne peut que vous estre importune, au lieu que vous pourriez passer beaucoup mieux ces heures avec les doux entretiens de ces gentils bergers et de ces discrettes et belles bergeres ? – Silvandre, luy respondit-elle, encores que je vueille bien que vous me soyez obligé, si est-ce que vous ne devez pas croire qu’en cecy je fasse