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Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/488

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ne voyois les perfections de la belle Diane, puis que chacun les void, les advoue et les admire. Seroit-il possible que Silvandre fust le seul entre les hommes qui demeurast aveugle pour ne voir point un soleil si esclatant, ou le voyant, si je ne l’admirois ? Aussi faut-il que je confesse que veritablement je suis tellement esblouy par une si grande lumiere quand je suis aupres de vous, que je n’ay plus des yeux que pour voir, ny esprit que pour adorer ceste Diane en terre, que je tiens bien plus advantagée que celle qui est dans les Cieux, puis que celle-là y est surmontée par la beauté de son frere, et celle-cy surpasse tout ce qui est en l’univers.

– Silvandre, respondit la bergere en sousriant, je vous permets de dire tout ce que vous voudrez de moy, qui me recognois assez pour telle que je suis, mais qui ne veux point trouver estrange que la feinte que vous avez entreprise vous fasse tenir ces discours. Mais à propos de vostre gageure avec Phillis, jusques à quand ordonnez-vous, berger, que je sois vostre maistresse, et quand voulez-vous que je change ce nom avec celuy de vostre juge ? – Les discours que je vous tiens, respondit incontinent le berger, sont si veritables qu’ils n’ont rien de commun avec ceste gageure, et quant à ce nom de maistresse duquel vous parlez, croyez, belle Diane, que vous pouvez prendre celuy de juge quand il vous plaira, mais non pas vous despouiller jamais