Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/495

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celle qui en estoit cause. Et de fortune, au mesme temps qu’il despitoit le plus et contre l’un et contre l’autre, il ouyt une voix qu’apres avoir escoutée quelque temps, il cogneut estre d’un chevalier qui se plaignoit et de l’ingratitude et de l’inconstance d’une dame ; et parce qu’il jugea que ceste excuse seroit bonne pour retirer son maistre de ses importunes et fascheuses pensées : Seigneur, luy dict-il, oyez, je vous supplie, ce que chante ce chevalier qui est auprès de vous. – Et que veux-tu, luy respondit-il, que je me soucie des affaires d’autruy ? ne te semble-t’il pas que je sois assez chargé des miennes ? – Celles d’autruy, répliqua l’escuyer, nous soulagent quand nous nous en sçavons bien servir. A ce mot ils ouyrent que le chevalier qui estoit auprès d’eux chantoit ces vers :


Stances

En se plaignant de sa dame, il les blasme toutes.

I

Elle a changé mon feu, la volage qu’elle est,
Pour une moindre flamme,
Pour faire voir à tous qu’elle est femme en effect,
Et que c’est qu’une femme.

II

Mais devois-je pretendre en cet esprit léger
Amour moins passagere ?
Car, puis quelle estoit femme, il faloit