Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/503

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celle qui alloit dans ces chariots avec ses nymphes, hayssoit, comme aussi toutes les autres dames, l’arrogance d’Argantée, et eussent bien voulu qu’elle eust esté chastiée par cet estranger. Mais, d’autant qu’elles sçavoient la grande force qu’il avoit, elles craignoient pour le chevalier incogneu, encores que sa belle presence, et le commencement du combat donnast une fort bonne opinion de luy. Et parce que Galathée vid Polemas auprès de son chariot, elle l’appella, et luy demanda qui estoit celuy qui combattait contre Argantée, et quel estoit le subject de leur querelle, et qu’il seroit peut-estre bien à propos de les separer. A quoy il respondit que ce seroit leur faire tort que de leur empescher de finir leur différend, puis qu’ils combattoient sans supercherie, et que pour sçavoir qui estoit le chevalier, et d’où venoit leur querelle, il ne voyoit là personne qui le sceust dire que cet escuyer estranger.

Polemas fit ceste response parce qu’il croyoit qu’asseurément Argantée seroit vainqueur, ne se pouvant persuader que l’estranger fust tel, qu’il peust luy faire résistance ; et il estoit bien aise que Galathée veist la force et l’adresse de ceux qui estoient à luy. Elle, suivant la curiosité des dames, et desireuse de cognoistre cet estranger, fit appeller l’escuyer, auquel elle demanda qui estoit le chevalier estranger, et d’où venoit leur querelle ? – Le subject de leur combat, respondit-il, madame, est