Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/511

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que vous nous demanderez, nous ayant bien deffendues de ce discourtois chevalier, et voulu deffendre de ce furieux lyon ; mais nous parlerons de cecy une autrefois. Cependant il me semble que je vous ay veu blessé à l’espaule ; il faudroit pour le moins estancher le sang, attendant que nous puissions estre en lieu où vous soyez pansé. – Madame, respondit-il, cette blesseure dont yous parlez est petite, et ce que vous dites que j’ai fait, est peu de chose au prix de ce que je dois, et que je desire pour vostre service. Mais puis que tous ceux qui vous accompagnoient sont escartez, commandez-moy, s’il vous plaist, où vous voulez que je vous conduise, afin que je vous laisse en lieu seur, car, à ce que je vois, ceste contrée a des animaux trop dangereux pour marcher sans bonne garde.

Galathée alors se souriant : Je vois bien, dit-elle, seigneur chevalier, que vous estes estranger, puis que vous ne cognoissez pas ce lyon. Il faut que vous scachiez qu’il est enchanté de sorte qu’il ne peut faire mal à personne, sinon à qui veut espreuver l’avanture de la fontaine qu’il garde, et si vous ne l’eussiez point effarouché, il n’eust pas seulement, fait semblant de vous voir. – Mal-aisément, dit-il, eussay-je souffert devant mes yeux qu’il eust mangé ce pauvre cheval qui est mort pour moy, ny moins ce chevalier qui, encores qu’indiscret, estoit toutesfois vaillant et courageux.

Silvie qui avoit passé derriere le chevalier pour