Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/579

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au contraire, j’espere en fin dans ces lieux solitaires le soulagement qu’il m’a promis.

Ainsi finit Damon de raconter l’histoire de sa penible vie, et Galathée qui en avoit desja ouy une grande partie par les advis que sa mere Amasis avoit eu du roy Torrismond, fut tres-aise d’en apprendre le reste, et eust bien desiré que ceste contrée eust peu luy donner quelque contentement.

Cela fut cause que lors qu’il eut finy, elle luy parla de ceste sorte : J’advoue, seigneur chevalier, que c’est avec raison que vous vous plaigniez de la fortune, vous ayant sans raison affligé si longuement, mais il ne faut pas pour cela que vous perdiez l’esperance de vostre salut, car il est certain que les dieux ne sont point menteurs, ny abuseurs, et puis qu’ils vous ont donné la response que vous dites, croyez qu’enfin vous aurez le contentement que vous desirez. Il est vray qu’ils se plaisent à donner leurs responses ambigues, et obscures, et cela, afin de nous apprendre qu’il n’y a nul bien sans peine, et qu’ils sont bien aises de veoir la subtilité de l’esprit humain à demesler le sens de leurs oracles, et en trouver la vérité.

Que si vous voulez que je vous die mon opinion sur celuy que vous avez receu, je croy que vous l’avez tres-mal entendu, quand quand vous avez pensé que ce mot de Forests signifiast des bois, et des lieux solitaires, et peuplez seulement d’arbres, car