Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/584

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la plus douce conversation que vous sçauriez imaginer, et croyez qu’elles n’ont rien du village que le nom. Et si vous voulez avoir ce plaisir, vous vous y rencontrerez maintenant comme il faut, car le grand druide doit venir faire un sacrifice solemnel pour rendre graces à Tautates du Guy salutaire qui s’est treuvé dans l’estendue de leur hameau. – Et quelle ceremonie est celle-là ? demanda Galathée, car pour cueillir le guy, il me semble que ce n’est que le sixiesme de la lune de juillet. – Il est vray, respondit Cleontine, mais ce sacrifice ne se fait que pour remercier Tautates d’avoir voulu gratifier ce lieu plus particulierement que les autres, y faisant naistre le guy salutaire sur le chesne le plus beau, à ce qu’on dit, qui se puisse veoir, car c’est signe qu’il a plus aimé ce hameau que les autres du voisinage, le favorisant d’une si grande grace. – Et comment sçavez-vous, dit la nymphe, que c’est à cette heure que le grand druide le doit venir faire ? – Parce, repliqua la vieille, qu’il promit dans huict jours d’y venir, et il y en a desja quatre de passez, de sorte qu’il ne peut guere retarder s’il veut tenir parole, et s’il sçait que vous soyez en volonté d’y assister, il le hastera tant qu’il vous plaira.

Ces discours firent resoudre Galathée de retarder son voyage de Bon-lieu, tant pour laisser guerir Damon, que pour se trouver avec ces belles bergeres en ce sacrifice.