Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/622

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bien commencé, lors que j’ouys les dernieres paroles qui permettoient de s’en aller, et cela, d’autant que je recevois un contentement si extreme de voir cette belle estrangere que je n’ostay jamais les yeux de dessus elle, tant que le sacrifice dura. Et parce que ces belles dames n’estoient pas sans curiosité non plus que nous, elles ne s’amusoient pas tant à leurs devotions, qu’elles ne donnassent quelquesfois le temps à leurs yeux de faire une ronde parmy le Temple ; mais il n’arriva jamais que cette belle estrangere tournast les yeux vers moy, qu’elle ne rencontrast les miens attachez sur son visage.

Diane alors, en sousriant : Encores faut-il, dit-elle, Hylas, que je vous interrompe pour vous faire prendre garde que vous n’aviez point de raison de blasmer Vesta, et la bonne Déesse, lors que la venerable Chrisante vous deffendit, et à tout le reste des bergers, d’assister aux sacrifices qui leur sont faicts par les vestales, puis que les temples sont pour prier les dieux, et non pas pour faire l’amour à celles que l’on aime. – Encore n’est-ce pas sans raison, respondit Hylas, que je m’en suis plaint, puis qu’il me semble que les dieux ne doivent pas treuver mauvais que nous fassions en terre ce qu’ils font eux-mesmes dans les Cieux.

Et sans attendre que Diane repliquast, il reprit son discours de ceste sorte : Le sacrifice estant finy, elles s’en retournèrent