Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/627

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui les avoient en garde, s’il estoit permis de les visiter ; et ayant appris que le roy l’auroit tres-agréable, elle ne manqua point de s’y en aller pour leur offrir toute sorte d’assistance et de service. Elle avoit une jeune fille nommée Orsinde, qui n’estoit point desagreable. Cette fille, dés la premiere fois, demeura si satisfaite de ces dames, et Amasonte aussi, que depuis elles y retournerent fort souvent. Et de fortune la plus estroitte amitié qu’elles contracterent fut avec cette belle qui m’avoit sceu si bien surprendre, et cela, comme je croy, outre les autres perfections qui l’avantageoient par dessus toutes ses compagnes fut à cause qu’elle parloit le langage des Gaulois, aussi bien que si elle eust esté eslevée en ces contrées.

Periandre m’ayant adverty de ces particularitez, je luy dis qu’il faloit en toute sorte faire que cette bonne tante nous y donnast l’entrée, sans que mesme elle sceust nostre dessein. Et nous estans séparez en cette resolution, ce mesme jour Periandre disnant avec sa tante, feignit d’estre grandement curieux de scavoir des nouvelles de ces estrangeres et s’enqueroit fort particulierement quel estoit leur façon de vivre, quelle leur civilité et leur courtoisie. A quoy Amasonte et Orsinde ayant respondu avec beaucoup de paroles avantageuses, et toutesfois véritables, il feignit un extreme desir de les voir et de parler à elles. – Si vous voulez, respondit Orsinde, vous en venir avec