Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/637

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le Po du midy, les Taurinois, Centurons et Cartuges, de l’occident, et les Alpes Pennines, du septentrion. Ce pays est assez cogneu des Romains à cause de l’abondance des mines d’or qui y sont, et pour lesquelles les habitans des lieux ont esté contraints de se révolter si souvent contr’eux, à cause de la Doire qu’ils separoient en plusieurs petits ruisseaux pour purger l’or, et qui apres inondoit presque tout le pays, empeschant ainsi les villageois de se pouvoir servir de la terre pour le labourage, encore que tres-propre et tres-fertile.

Je vous ay faict cette description de ma patrie, afin de vous faire entendre ce qui fut predit à mon pere, lors que je nasquis, par une fille druide qui, venant des Gaules, passoit assez secrettement par ces montagnes voisines, par le commandement, à ce qu’elle disoit, d’un Dieu dont le nom nous estoit incogneu, mais que depuis l’on m’a nommé, comme j’ay pris garde que vous jurez. – Est-ce point Tautates ? luy dis-je. – C’est celuy-là mesme, me respondit-elle, qu’elle disoit estre le grand Dieu et tous les autres dependans de luy. Or ceste femme, de fortune, arriva en la maison de mon pere en mesme temps que ma mere se delivroit de moy ; et parce que mon pere vit qu’elle me consideroit fort attentivement, il luy demanda quelle seroit ma