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Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/648

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VIII

Peut-estre adviendra-t'il qu'un jour apres ma mort,
Ma cruelle y viendra, conduite par le sort,
Allegeance tardive !
Et que voyant gravez aux arbres d’alentour
Les chiffres de nos noms, elle dira pensive :
II avait de l’amour !

IX

Pour certain il aymoit, dira-t'elle en son cœur,
Et lors, amolissant ce rocher de rigueur,
Que pour cœur elle porte,
Elle regrettera la perte de mon temps.
Heureux dans le tombeau, si pleignant de la sorte,
Un souspir j’en entends !

Mes discours seroient trop longs et ennuyeux, gentil Hylas, si je voulois vous redire toutes les particularitez de ceste recherche. Contentez-vous qu’il n’y avoit sorte de me tesmoigner avec discretion le bien qu’il me vouloit, qu’il ne recherchait, ny commodité qu’il n’employast, ainsi qu’il devoit.

O Hylas ! qu’il est fin cet Amour, et qu’il a des vieilles malices, encores qu’on le despeigne un enfant ! Celuy veritablement est bien ignorant de ses effets qui s’en laisse approcher, et croit d’en pouvoir rapporter la victoire. Je sçay, et je le sçay par experience, et à mes despens, que celuy qui le voudra vaincre, le doit combattre à la façon de ces peuples que l’on dict