Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/663

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Alors revenant en moy-mesme : J’avoue, luy dis-je, que Clarine a raison, et que si vous n’excusez ma faute par l’estonnement où je suis, vous aurez occasion de me blasmer de peu de discretion.

Et à ce mot, je me levay, et le prenant par un bras, et Clarine par l’autre, nous le fismes asseoir, presque par force, dans une chaire qui estoit au chevet de mon lict. Et lors, Clarine, prenant la main d’Arimant : Vous jurez, luy dict-elle, chevalier, et promettez sur le nom que vous portez, de ne point contrevenir aux conditions avec lesquelles nous vous avons receu céans, Arimant alors : Je jure et promets, respondit-il, non seulement de ne point manquer par effect à ce que vous dites, mais non pas mesme par la pensée, et si j’y contreviens, j’appelle les dieux Penates qui sont icy et qui nous escoutent, afin qu’ils punissent la foy que j’auray parjurée, plus cruellement que celle de Laomedon. Et disant cela, il se leve, s’approche du foyer, prend un peu de cendre, et la jettant sur sa teste : Je mets, continua-t’il, cette cendre sur mon chef, pour signe que, comme je mets ceste cendre sur moy, je me soubsmets de mesme à vous, dieux domestiques, pour estre puny, si je me rends parjure d’effect ny de pensée. – Il ne falloit point, luy dis-je, Arimant, que vostre parole fust confirmée, ny par ce serment, ny par cette imprecation ; une personne telle que vous estes,