Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/682

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Ceste lettre si courte et fort mal escrite, outre le bruit commun de la grandeur de son mal ; faillit à me faire mourir, et ce fut bien alors que Clarine eut de la peine à me consoler. Je luy fis promptement response, et pour scavoir l’estat de son mal, je priay Clarine d’envoyer quelqu’un de ma part avec celuy qui m’apporta cette lettre pour revenir incontinent nous en dire des nouvelles. Je luy escrivis ainsi :

Lettre de Cryseide à Arimant.

Vous m’aviez tous jours asseurée que vous feriez tout ce que je vous ordonnerois. Je vous commande de vivre,, afin que vous me puissiez plus longuement servir. Je verray s’il y a quelque chose qui ait plus de pouvoir sur Arimant que moy.

Nous sceusmes par le retour de celuy que nous y avions envoyé, qu’apres avoir esté sur le sueil du tombeau, il avoit eu tant de force que le mesme jour qu’il y estoit arrivé, il avoit eu une crise, qui donna bonne esperance de son salut, et que le jour d’apres on le tenoit presque hors de danger. Quant à moy qui me flattois, je creus que le contentement que ma lettre luy avoit