Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/697

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prenant la plume et le papier, apres avoir fermé la porte, de peur que quelqu’un ne nous surprist, luy escrivit ce peu de mots à la haste.

Lettre de Clarine à Arimant.

Je m’en desdis, Arimant, Cryseide vit encores, et m’a commandé de vous en advertir. Elle mourut certes quand je vous manday, mais les dieux l’ont ressuscitée pour vous. Vous estes le plus heureux chevalier qui vive, estant aymé de la plus belle dame de l’univers, et seulement malheureux pour ne pouvoir estre tesmoing de vostre bon-heur.

Alors prenant à toute force la plume avec beaucoup de peine, j’escrivis ce peu de paroles : Je vis, Arimant, et pour un seul Arimant. Et soudain l’ayant bien cachettée, elle faict partir en toute diligence celuy qui desja y avoit esté une autre fois, luy commandant surtout de luy bien dire par le menu ce qui estoit arrivé, et de faire une extreme diligence. Apres, voyant que personne n’estoit encore dans la chambre, nous ouvrismes la lettre qu’auparavant il m’avoit escrite, et nous trouvasmes qu’elle estoit telle :